Le « Kaizen », une véritable religion d'entreprise
Toyota emploie 265.000 salariés dans ses 56 usines situées aux quatre coins du monde.
Et partout, d'Aichi au Japon à Valenciennes en France, en passant par Medellin en Colombie,
règne la même religion de la qualité.
Religion ? C'est le mot.
Qu'on l'appelle « Toyota Production System », (TPS), « Kaizen », ou « Six Sigma »,
la méthode Toyota est un savant mélange de management
à la japonaise, de philosophie zen et de néotaylorisme.
Avec sa langue, ses méthodes de travail et ses usages respectés par tous les « Toyota members », de l'ouvrier au PDG.
Le « TPS » a d'ailleurs son école à Toyota City.
Voici quelques clés pour comprendre les grands principes du « toyotisme », souvent hermétiques pour le non-initié.
Le Kaizen, que l'on pourrait traduire par « pas à pas vers la perfection », est au centre de l'organisation de Toyota.
C'est un véritable culte de « l'amélioration continue ».
Il s'applique à toutes les tâches, du balayage des bureaux à la finition d'une luxueuse berline.
Et à tous, quel que soit le niveau hiérarchique.
Un ouvrier peut ainsi prendre l'initiative d'arrêter la chaîne d'assemblage s'il estime qu'une anomalie peut affecter la qualité des voitures.
Le kanban : c'est l'étiquette à code-barres qui accompagne toutes les pièces destinées à l'assemblage d'un véhicule.
Elle permet d'envoyer des informations en temps réel afin de limiter les stocks et de fonctionner à flux tendu avec d'importantes économies
à la clé.
Tous les grands constructeurs et centres de logistique ont repris à leur compte ce concept de base inventé par le fondateur de Toyota,
Kiichiro Toyoda.
Les « 3 M » : muda, mura et mûri.
Ce sont les trois grands péchés que cherche à éradiquer le « toyotisme » dans ses usines.
Muda (« déchets ») signifie « gaspillage ». Il en existe plusieurs sortes : l'attente, la surproduction, l'excès de stock,
le travail et les gestes inutiles,
la production de pièces défectueuses...
Mura (« mauvaises méthodes ») est le contraire du « just in time » : quand la production n'est pas à la hauteur des objectifs.
Enfin, mûri (« efforts inutiles ») s'adresse particulièrement aux « team leaders » :
ce terme évoque l'erreur qui consiste à assigner
des objectifs irréalistes à un homme ou à une machine.
Les « 4 S » : seiri, seiton, soji et seiketsu.
A l'inverse, tous les « Toyota members » doivent appliquer religieusement la règle des « 4 S » qui signifient
« tri, simplification, rangement et propreté ».
Dans l'esprit des dirigeants de Toyota, un espace de travail propre et rangé permet de se conformer aux règles de sécurité,
mais aussi de fluidifier la production.
Shitsuke ou « discipline ». Sans ce 5e « S » caché, pas de « toyotisme ».
Vu de l'extérieur, le « TPS » passe en effet par une certaine forme de conditionnement des salariés.
Sébastien Lechevallier, un chercheur du HEC Eurasia Institute, qui a réalisé une étude sur le système Toyota, raconte l'anecdote suivante :
« Lors de l'inauguration de l'usine Toyota de Valenciennes, les ouvriers français ont proposé spontanément de chanter une chanson en japonais.
Cette offre a été déclinée par les dirigeants de Toyota.
Pour eux, l'objectif était atteint : l'essentiel était qu'il paraisse naturel aux ouvriers de chanter une chanson en japonais»... J-C.F.
source : La Tribune du 27/09/2005